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Par Cm2 de Saint-Ex le 7 Mai 2015 à 15:08
https://www.youtube.com/watch?v=sx8de_ZUP-c
D’ après Jules Romains : Knock ou le triomphe de la médecine
Le docteur Knock, nouveau médecin installé dans le village, veut gagner de l’argent.
Il attire les « clients » par l’annonce de consultations gratuites au cours desquelles il les persuade qu’ils sont malades, bien malades.
Affolés, les clients se confieront à lui. Mais les soins à donner par la suite ne seront pas gratuits, oh non !
Acte II , scène 1
…..
LE TAMBOUREst-ce que ça serait un effet de votre bonté de me donner ma consultation maintenant ?
KNOCK
Heu… oui. Mais dépêchons-nous. J’ai rendez-vous avec M. Bernard, l’instituteur, et avec M. le pharmacien Mousquet. Il faut que je les reçoive avant que les gens n’arrivent.
De quoi souffrez-vous ?LE TAMBOUR (en riant)
Attendez que je réfléchisse ! Voilà. Quand j’ai dîné, il y a des fois que je sens une espèce de démangeaison ici (montrant le haut de son ventre). Ça me chatouille, ou plutôt ça me gratouille.
KNOCK (réfléchissant profondément)
Attention. Ne confondons pas. Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?
LE TAMBOUR
ça me gratouille. Mais ça me chatouille bien un peu aussi.
KNOCK
Désignez-moi exactement l’endroit.
LE TAMBOUR
Par ici.
KNOCK
Par ici… où cela, par ici ?
LE TAMBOUR
Là. Ou peut-être là… Entre les deux.
KNOCK
Juste entre les deux ?… Est-ce que ça ne serait pas plutôt un rien à gauche, là, où je mets mon doigt ?
LE TAMBOUR
Il me semble bien.
KNOCK
ça vous fait mal quand j’enfonce mon doigt ?
LE TAMBOUR
Oui, on dirait que ça me fait mal.
KNOCK (air grave)
Ah ! Ah ! Est-ce que ça ne vous gratouille pas davantage quand vous avez mangé de la tête de veau à la vinaigrette ?
LE TAMBOURJe n’en mange jamais. Mais il me semble que si j’en mangeais, effectivement, ça me gratouillerait plus.
KNOCK
Ah ! Ah ! Très important. Ah ! Ah ! Quel âge avez-vous ?
LE TAMBOUR
Cinquante et un, dans mes cinquante-deux.
KNOCK
Plus près de cinquante-deux ou de cinquante et un ?
LE TAMBOUR (inquiet)
Plus près de cinquante-deux. Je les aurai fin novembre.
KNOCK (lui mettant la main sur l’épaule)
Mon ami , faites votre travail aujourd’hui comme d’habitude. Ce soir, couchez-vous de bonne heure. Demain matin, gardez le lit. Je passerai vous voir. Pour vous, mes visites seront gratuites. Mais ne le dites pas. C’est une faveur.
LE TAMBOUR ( très inquiet)
Vous êtes trop bon, docteur. Mais c’est donc grave, ce que j’ai ?
KNOCK
Ce n’est peut-être pas encore très grave. Il était temps de vous soigner. Vous fumez ?
LE TAMBOUR
Non, je chique.
KNOCK
Défense absolue de chiquer. Vous aimez le vin ?
LE TAMBOUR
J’en bois raisonnablement.
KNOCK
Plus une goutte de vin…
LE TAMBOUR
… Je puis manger ?
KNOCK
Aujourd’hui, comme vous travaillez, prenez un peu de potage. Demain, nous en viendrons à des restrictions plus sérieuses. Pour l’instant, tenez-vous-en à ce que je vous ai dit.
LE TAMBOUR (s’essuyant le front)
Vous ne croyez pas qu’il vaudrait mieux que je me couche tout de suite ! Je ne me sens réellement pas à mon aise.
KNOCK (ouvrant la porte)
Gardez-vous-en bien ! Dans votre cas, il est mauvais d’aller se mettre au lit entre le lever et le coucher du soleil. Faites vos annonces comme si de rien n’était, et attendez tranquillement jusqu’à ce soir.
(Le tambour sort. Knock le reconduit.)____________________________________________
Extrait de Knock, Jules Romains - ©Ed. Gallimard.
Acte II, scène IV - Knock, la dame en noir.
Introduction de la scène.
Nous sommes dans les années 1930. Le docteur Knock vient de s'installer dans un petit village dont les habitants sont rarement malades. La consultation, ce jour-là est gratuite et beaucoup de gens du village en profitent pour aller voir le nouveau docteur. Une riche fermière vient d'entrer dans son cabinet. Elle lui explique qu'elle a beaucoup de travail...
KNOCK
Je vous plains. Il ne doit guère vous rester de temps pour vous soigner?
LA DAME
Oh! non.
KNOCK
Et pourtant vous souffrez.
LA DAME
Ce n'est pas le mot. J'ai plutôt de la fatigue.
KNOCK
Oui, vous appelez ça de la fatigue. (Il s'approche d'elle.) Tirez la langue. Vous ne devez pas avoir beaucoup d'appétit.
LA DAME
Non.
KNOCK, il l'ausculte.
Baissez la tête. Respirez. Toussez. Vous n'êtes jamais tombée d'une échelle, étant petite?
LA DAME
Je ne me souviens pas.
KNOCK,il lui palpe et lui percute le dos, lui presse brusquement les reins.
Vous n'avez jamais mal ici le soir en vous couchant? Une espèce de courbature?
LA DAME
Oui, des fois.
KNOCK,il continue de I'ausculter.
Essayez de vous rappeler. Ça devait être une grande échelle.
LA DAME
Ça se peut bien.
KNOCK, très affirmatif.
C'était une échelle d'environ trois mètres cinquante, posée contre un mur. Vous êtes tombée à la renverse.LA DAME
Ah oui!
Un silence.
KNOCK, la fait asseoir.
Vous vous rendez compte de votre état?
LA DAME
Non.
KNOCK,il s'assied en face d'elle.
Tant mieux. Vous avez envie de guérir, ou vous n'avez pas envie?
LA DAME
J'ai envie.
KNOCK
J'aime mieux vous prévenir tout de suite que ce sera très long et très coûteux.
LA DAME
Oh! là! là! J'ai bien eu du malheur de tomber de cette échelle!
KNOCK
Je me demande même s'il ne vaut pas mieux laisser les choses comme elles sont. L'argent est si dur à gagner. Tandis que les années de vieillesse, on en a toujours bien assez. Pour le plaisir qu'elles donnent!
LA DAME
Et en faisant ça plus... grossièrement, vous ne pourriez pas me guérir à moins cher?... à condition que ce soit bien fait tout de même.
KNOCK
Ce que je puis vous proposer, c'est de vous mettre en observation.
LA DAME
Oui, c'est ça.
KNOCK, tandis qu'il rédige l'ordonnance, assis à sa table.
Vous vous coucherez en arrivant. Aucune alimentation solide pendant une semaine. Un verre d'eau de Vichy toutes les deux heures, et, à la rigueur, une moitié de biscuit, matin et soir, trempée dans un doigt de lait. Mais j'aimerais autant que vous vous passiez de biscuit. A la fin de la semaine, nous verrons comment vous vous sentez. Si vous êtes gaillarde, si vos forces et votre gaieté sont revenues, c'est que le mal est moins sérieux qu'on ne pouvait croire, et je serai le premier à vous rassurer. Si, au contraire, vous éprouvez une faiblesse générale, nous commencerons le traitement. C'est convenu?
LA DAME, soupirant.
Comme vous voudrez.____________________________________________
Acte 2, scène VI - Knock, les deux gars de village.
KNOCK
Quelle est la première personne? (Deux gars s'avancent. Ils se retiennent de rire, se poussent le coude, clignent de l'oeil, pouffant soudain.) Lequel de vous deux?
LE PREMIER GARS, regard de côté, dissimulation de rire et légère crainte.
Hi! hi! hi! Tous les deux. Hi! hi! hi!
KNOCK
Vous n'allez pas passer ensemble?
LE PREMIER
Si! si! hi! hi! Si! si!
KNOCK
Je ne puis pas vous recevoir tous les deux à la fois. Choisissez. D'abord, il me semble que je ne vous ai pas vus tantôt. Il y a des gens avant vous.
LE PREMIER
Ils nous ont cédé leur tour. Demandez-leur. Hi! hi! (Rires et gloussements.)
LE SECOND, enhardi.
Nous deux, on va toujours ensemble. On fait la paire. Hi! hi! hi! (Rires à la cantonade.)
KNOCK, il se mord la lèvre et du ton le plus froid:
Entrez. (Il referme la porte. Au premier gars.) Déshabillez-vous. (Au second, lui désignant une chaise.) Vous, asseyez-vous là. (Ils échangent encore des signes, et gloussent, mais en se forçant un peu.)
LE PREMIER, il n'a plus que son pantalon et sa chemise.
Faut-il que je me mette tout nu?
KNOCK
Enlevez encore votre chemise. Ça suffit. (Knock s'approche, tourne autour de l'homme, palpe, percute, ausculte, retourne les paupières, retrousse les lèvres. Ramenez les genoux. (Il palpe le ventre, applique çà et là le stéthoscope.) Allongez le bras. (Il examine le pouls. Il prend la pression artérielle.) Bien. Rhabillez-vous. (Silence. L'homme se rhabille.) Vous avez encore votre père?
LE PREMIER
Non, il est mort.
KNOCK
De mort subite?
LE PREMIER
Oui.
KNOCK
C'est ça. Il ne devait pas être vieux?
LE PREMIER
Non, quarante-neuf ans.
KNOCK
Si vieux que ça! (Long silence. Les deux gars n'ont pas la moindre envie de rire. Puis Knock va fouiller dans un coin de la pièce contre un meuble, et rapporte de grands cartons illustrés qui représentent les principaux organes chez l'alcoolique avancé, et chez l'homme normal. Au premier gars, avec courtoisie.) Je vais vous montrer dans quel état sont vos principaux organes. Voilà les reins d'un homme ordinaire. Voici les vôtres. (Avec des pauses.) Voici votre foie. Voici votre cœur. Mais chez vous, le cœur est déjà plus abîmé qu'on ne l'a représenté là-dessus.
Puis Knock va tranquillement remettre les tableaux à leur place.
LE PREMIER, très timidement.
Il faudrait peut-être que je cesse de boire?
KNOCK
Vous ferez comme vous voudrez. (Un silence.)
LE PREMIER
Est-ce qu'il y a des remèdes à prendre?
KNOCK
Ce n'est guère la peine. (Au second.) A vous, maintenant.
LE PREMIER
Si vous voulez, monsieur le docteur, je reviendrai à une consultation payante?
KNOCK
C'est tout à fait inutile.
LE SECOND, très piteux.
Je n'ai rien, moi, monsieur le docteur.
KNOCK
Qu'est-ce que vous en savez?
LE SECOND, il recule en tremblant.
Je me porte bien, monsieur le docteur.
KNOCK
Alors pourquoi êtes-vous venu?
LE SECOND, même jeu.
Pour accompagner mon camarade.
KNOCK
Il n'était pas assez grand pour venir tout seul? Allons! déshabillez-vous.
LE SECOND, il va vers la porte.
Non, non, monsieur le docteur, pas aujourd'hui. Je reviendrai, monsieur le docteur.
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Par Cm2 de Saint-Ex le 20 Mars 2015 à 14:30
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Par Cm2 de Saint-Ex le 17 Octobre 2014 à 09:27
FICHE DE LECTURE N°?
TITRE:
AUTEUR:
ILLUSTRATEUR:
COLLECTION:
EDITION(S):
Petite description des principaux personnages ( environ 5 lignes):
(passe 8 lignes)
Résumé de l'histoire (15 lignes):
(passe 20 lignes)
J'ai aimé, je n'ai pas aimé. POURQUOI?
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Par Cm2 de Saint-Ex le 30 Septembre 2014 à 09:51
Vers l'extinction des animaux sauvages ?
Le Point - Publié le 30/09/2014 à 07:51
Un rapport de WWF établit que la moitié des espèces animales sur terre a déjà disparu et que la tendance "ne donne aucun signe de ralentissement".
Les tortues marines sont de plus en plus menacées © WHITEWOLF / Sipa
En 40 ans, l'homme a fait disparaître plus de la moitié des animaux sauvages de la planète. C'est en tout cas le constat posé par le rapport Planète vivante 2014 de l'ONG WWF. "Les différentes formes du vivant sont à la fois la matrice des écosystèmes permettant la vie sur terre, et le baromètre de ce que nous faisons vivre à notre planète", écrit le directeur général du Fonds mondial pour la nature (WWF International), Marco Lambertini. "Et en nous désintéressant de leur sort, nous courons à notre perte", alerte-t-il.
Entre 1970 et 2010, l'indice Planète vivante - qui mesure l'évolution de 10 380 populations de 3 038 espèces de mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons - a chuté de 52 %. Et "cette tendance lourde ne donne aucun signe de ralentissement", selon la 10e édition du rapport, pour qui il est encore possible d'agir pour renverser ce déclin et combiner développement et sauvegarde de l'environnement.
- 83 % en Amérique latine
Les zones les plus touchées sont l'Amérique latine (- 83 %), suivie de près de la région Asie-Pacifique, et ce sont les espèces d'eau douce qui ont payé le prix fort (- 76 %) quand les espèces terrestres et marines ont diminué de 39 %. La baisse annoncée de 52 % est beaucoup plus marquée que dans les rapports précédents, en raison de changements dans le mode de calcul qui proposent une représentation plus fidèle de la répartition mondiale des espèces de vertébrés, précise l'ONG spécialisée dans la protection des espèces en danger. Dans son dernier rapport bisannuel, datant de 2012, le WWF faisait état d'une baisse de 28 % des espèces sauvages entre 1970 et 2008. L'indice ne couvrait alors que 2699 espèces.
Les causes de ce déclin : la perte et dégradation des habitats (en raison de l'agriculture, de l'urbanisation, de la déforestation, de l'irrigation, des barrages hydroélectriques...), la chasse et la surpêche (y compris les prises accidentelles comme pour les tortues marines), et le changement climatique. Ainsi, de nombreux poissons et animaux de rivage ont disparu du Coorong, zone du sud de l'Australie où le prélèvement d'eau pour l'irrigation a augmenté la salinité. Ou encore, en Afrique, l'aire de répartition de l'éléphant ne représentait plus en 1984 qu'environ 7 % de son aire historique. Et dans cette portion congrue, à cause du braconnage, le nombre d'éléphants s'est effondré de 60 % entre 2002 et 2011.
L'humanité surexploite la Terre, consomme plus de ressources naturelles que la planète ne peut en reconstituer : plus de poissons qu'il n'en naît, plus de CO2 émis que les forêts et les océans peuvent en absorber... "Aujourd'hui, nous avons besoin de la capacité génératrice d'une Terre et demie pour disposer des services écologiques dont nous profitons chaque année", rappelle le WWF. Et la "biocapacité", soit la superficie disponible pour assurer ces biens et services, ne cesse de se contracter avec l'explosion de la démographie mondiale.
À qui la faute ?
Entre 1961 et 2010, la population est passée de 3,1 à près de 7 milliards d'habitants, et la biocapacité disponible par tête de 3,2 à 1,7 d'hectare global (qui représente la productivité moyenne mondiale d'un hectare biologiquement productif). "La population mondiale devant atteindre 9,6 milliards d'habitants en 2050 et 11 milliards en 2100, la biocapacité disponible pour chacun de nous va continuer à régresser (...) dans un monde marqué par la dégradation des sols, la pénurie d'eau douce et la montée du coût de l'énergie".
À qui la faute ? Les pays les plus riches sont globalement ceux dont l'empreinte écologique par habitant est la plus élevée. En 2010, le Koweït arrivait en tête, suivi du Qatar, des Émirats arabes unis, du Danemark, de la Belgique, Trinidad-et-Tobago, de Singapour, des États-Unis, de Bahreïn et de la Suède. La France arrivait en 23e position, et en avant-dernière position, figurait la Chine, qui détient néanmoins la première place pour son empreinte totale, devant les États-Unis et l'Inde. "L'utilisation des ressources et des services écologiques des pays à hauts revenus est cinq fois plus élevée par tête que dans les pays à bas revenus" et donc, pour maintenir leur niveau de vie, les pays riches ont largement recours à la biocapacité des autres. Si nous vivions tous comme les Qataris, il faudrait 4,8 planètes. 3,9 si nous étions tous américains, et 1,4 si nous étions tous sud-africains.
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